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Me, myself and god

«Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu’à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. — Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d’inventer ? La grandeur de cet acte n’est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement — ne fût-ce que pour paraître dignes d’eux ? ». Nietzsche, 1885, Ainsi parlait Zarathoustra.


Cela fera un mois que je n'ai plus écrit. Un mois que cet article est rangé dans un coin de mon esprit. Un mois à me demander s'il était nécessaire de le publier par peur de ne pas trouver les mots justes.


Et puis un jour, ce déclic en écoutant le podcast "Femmes noires et flamboyantes" d'Arte radio . L'une des intervenantes, Malika Mansouri, qui est pour l'anedocte psychologue clinicienne, a dit une chose qui m’a interpellée en parlant des traumatismes liés à l’histoire que l'on porte en nous: «On peut lutter contre celui qui nous domine dans la réalité mais comment lutter contre cette domination intégrée, intérieure que d’autres ont mise en soi et qui nous soumet à nous-mêmes». Mon rapport à la spiritualité est l’une de ces dominations intérieures dont j’ai voulu très tôt m’affranchir.


La foi est une identité dont on hérite, et, à la manière d'un patronyme, elle rend visible notre appartenance à une famille et notre enracinement dans des rites, des croyances et des traditions. Baptême, première et deuxième communions, messes dominicales, Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit et la notion d’un péché dont il faudrait racheter ici bas la faute pour accéder aux royaumes des cieux. Je pense que mes premières interrogations sont nées de ce concept de "vie éternelle". Est-ce par peur du silence de la tombe, me demandais-je, et de la finitude de nos existences que cette promesse d'éternité sonne douce à nos oreilles. Remercier le ciel pour les beaux jours et se repentir pour les jours de pluies. S'excuser sans cesse de sa nature en espérant que le jour de la pesée des âmes, la balance penchera en notre faveur.


Mais s'il n'était pas possible de transcender la réalité du quotidien. Si notre apparation sur cette Terre, il y a 6 million d'années ne résultait que du couple variation-sélection. Pourrions-nous nous résoudre à n être qu'un instant dans l'histoire de l'Univers? Si l'on enlève Dieu de l'équation, à qui confierons nous nos peines et infortunes? C'est la raison pour laquelle cet extrait de Nietzsche, "Ainsi parlait Zarathoustra" me parle énormément.


Tuer le Dieu Judéo-Chrétien, c'est décoloniser mon rapport au sacré, abattre les Baals d'un dogme imposé à mes ancêtres par les coups de fouet. Puisque la foi n’est pas un savoir mais une conviction intime. La mienne est que l’homme fit Dieu à son image et que la vie n'a que le sens qu'on lui donne.


ENGLISH

God is dead. God remains dead. And we have killed him. How shall we comfort ourselves, the murderers of all murderers? What was holiest and mightiest of all that the world has yet owned has bled to death under our knives: who will wipe this blood off us? What water is there for us to clean ourselves? What festivals of atonement, what sacred games shall we have to invent? Is not the greatness of this deed too great for us? Must we ourselves not become gods simply to appear worthy of it?”» Nietzsche, 1885, Thus Spoke Zarathustra.


It's been a month since I last wrote. A month that this article is in a corner of my mind. One month wondering if it was necessary to publish it for fear of not finding the right words.


And then one day, something clicked while listening to the french podcast "Black women are blazing" from Arte radio. One of the speakers, Malika Mansouri, who is a clinical psychologist for the anedocte, said something that struck me when she spoke about the traumas linked to the history we carry within us: "We can fight against those who dominate us in reality, but how can we fight against this integrated, inner domination that others have put in us and which subjects us to ourselves". My relationship to spirituality is one of those inner dominations from which I very early sought to free my self.


Faith is an inherited identity and, like a surname, it makes visible our belonging to a family and our roots in rites, beliefs and traditions. Baptism, First and Second Communion, Sunday Masses, God the Father, God the Son, God the Holy Spirit and the notion of a sin that would have to be redeemed here below in order to enter the kingdoms of heaven. I think that my first questions arose from this concept of "eternal life". Is it out of fear of the silence of the grave, I wondered, and the finitude of our existences that this promise of eternity sounds sweet in our ears. Thank heaven for the good days and repent for the rainy days. Apologize unceasingly for its nature, hoping that on the day of the weighing of souls, the scales will tip in our favor.

But if it were not possible to transcend the reality of everyday life. If our appearance on this Earth 6 million years ago was only the result of the couple variation-selection. Could we resolve to be only a moment in the history of the Universe? If we take God out of the equation, to whom will we entrust our sorrows and misfortunes? This is why this excerpt from Nietzsche, "Thus spoke Zarathustra" speaks to me so much.


To kill the Judeo-Christian God is to decolonize my relationship to the sacred, to bring down the Baals of a dogma imposed on my ancestors by the lashes of the whip. Since faith is not knowledge but an intimate conviction. Mine is that man made God in his own image and that life has only the meaning we give it.



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